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Aux origines de l’agriculture

epis2Nous sommes au néolithique, dans le Croissant Fertile, et plus précisément dans les montagnes du Karadag, au sud-est de l’actuelle Turquie, il y a plus de 10000 ans.
Les hommes qui vivent de chasse et de cueillette ont l’idée de récolter des graines d’engrain sauvage T. monococcum ssp. boeoticum et de les semer, c’est la naissance de l’agriculture et d’une des premières cultures domestiquées, le petit épeautre T. monococcum ssp. monococcum également dénommé engrain. (Heun et al., 1997)
Cette domestication permet de sélectionner les épis aux rachis les moins fragiles, ceux qui tiennent en haut de la tige à maturité et sont faciles à récolter contrairement à la plupart des engrains sauvages dont les épis se brisent et tombent par terre à maturité.

Cette culture se diffuse bien au-delà du croissant fertile pour apparaitre en Provence avec les balbutiements de l’agriculture. Quelques sites préhistoriques livrent des traces de petit épeautre à Fontebrouga dans le Var, le Baou Roux près d’Aix-en-Provence ou le Grand Abri à Châteauneuf-les-Martigues datant de 7000 ans avant J-C.

L‘agriculture néolithique en Provence se diversifie dès le début du IV ème millénaire. La présence simultanée de blé tendre avec le petit épeautre, témoigne que les Provençaux jouent sur plusieurs registres. Il est possible d’imaginer que le petit épeautre était cultivé dans des terres pauvres alors que le blé tendre était réservé aux terres plus profondes.

L’occupation romaine de la Provence va bousculer le petit épeautre qui sera relégué dans les terrains non cultivés et sauvages peu romanisés de l’arrière pays. L’agriculture romaine s’établissait plutôt sur le froment et surtout sur la vigne et l’olivier.

A partir du 5ème siècle après J-C, à la désagrégation de l’empire romain, les peuplades nordiques envahissent la Provence et provoquent l’exode de populations dans les arrière-pays. Le petit épeautre grâce à ses qualités de robustesse et de conservation aisée (grain vêtu) permet à ces populations de survivre.

On le retrouve tout au long du moyen âge provençal jusqu’à nos jours.
Au cours des 5000 dernières années, le petit épeautre a été remplacé par les blés tétraploïdes et hexaploïdes et largement oublié par les sélectionneurs modernes du fait de ses rendements médiocres et du travail de transformation qu’il exige.

Sa culture s’est maintenue en Haute Provence où il fait parti du patrimoine céréalier. Les semences actuellement utilisées sont l’héritage des générations passées, elles sont particulièrement adaptées au terroir de Haute Provence.

 

Témoignage

Avec mon fils, nous sommes producteurs de Petit Epeautre de Haute Provence, pour ma part depuis mon installation en 1984. Avant moi, mon beau-père Léopold en produisait déjà. Adhérer à l’IGP Petit Epeautre de Haute Provence, c’est adhérer à un cahier des charges précis qui protège et valorise un mode de production traditionnel et ancestral de la Haute Provence. Nous sommes fiers de proposer à notre clientèle du grain et de la farine sous ce signe officiel de qualité, patrimoine culinaire de la Haute Provence

Fabien BEGNIS – Producteur